Le Tour de l'Europe pendant la guerre |
Les Editions Belin frères et G.
Bruno (pseudonyme de Mme
Augustine Fouillée née Tuillerie), confortés par
le succès du Tour de la France par deux
enfants, ont publié dès 1916 cet ouvrage, qui peut
être considéré comme sa suite, près de 40 ans
après. Les personnages sont les mêmes
(du moins ceux qui peuvent encore vraisemblablement être vivants)
et leurs descendants; la finalité et le principe sont identiques
: enrober dans la continuité d'un récit la formation morale
et civique, les apports de connaissances générales en histoire,
géographie, sciences et techniques, vie pratique. L'organisation
est la même : le récit est découpé en chapitres
courts (4 pages au plus) introduits par une forte sentence à caractère
moral et patriotique.
C'est un Livre de lecture courante illustré de nombreuses gravures et cartes géographiques, et destiné comme son aîné au Cours Moyen. Les techniques de gravure ayant évolué, l'illustration est très riche Le sous-titre Devoir et Patrie n'a pas été repris, et pourtant le ton et le contenu sont clairement d'un chauvinisme et d'un anti-germanisme extrêmes. Il est vrai que l'essentiel en a été rédigé au début de cette guerre qui fut particulièrement atroce. L'auteure y perdra son petit-fils Augustin Guyau, tué en Argonne en 1917. A la différence du périple d'André
et Julien en 1871, ce n'est pas un véritable "road-movie",
mais un voyage "en chambre", à La Grand'Lande, autour
d'une carte de l'Europe, composé pour l'essentiel de récits
de ceux qui sont temporairement ou définitivement revenus de
la guerre, ou d'exposés savants sur les pays évoqués Comme le Tour de la France
dans ses éditions de 1906 et suivantes, l'ouvrage sera enrichi
à partir de 1918 d'un épilogue assez consistant : 66 pages
ajoutées aux 241 du texte primitif. Cela permet d'intégrer
la fin de la guerre, de glorifier la victoire et de boucler la boucle
du Tour de la France : Jean Volden, l'un des fils de Julien,
et son épouse Josette, sont nommés en poste
double d'instituteurs dans un village près de Phalsbourg,
"poste d'honneur au service de la chère province reconquise...
Rien ne pouvait nous être plus doux, à André et
à moi. Pars donc, mon Jean très aimé. Va vers ce
pays de notre petite enfance, et porte-lui la tendresse fidèle
que nous lui avons gardée.", dit Julien à son
fils.. Alain Saustier |